La capitulation, non merci

Publié le par zuzu

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manif TARBES 20 novembre 2007

 

 

 

 

 

 

 







Le 12 décembre à la RATP, le 13 à la SNCF, la CGT avait appelé les salariés à « peser par l’action de grève sur les négociations pour gagner de nouvelles avancées », avant de suspendre son appel à la dernière minute, sous la pression de la base, qui ne voulait pas d’une grève de 24 heures, aussi inefficace que diviseuse. Si les directions des confédérations syndicales avaient voulu que les salariés soient en position de force, elles auraient encouragé les cheminots et les agents de la RATP à poursuivre la grève reconductible en novembre, au lieu de peser pour sa suspension. Elles auraient mis à profit la jonction qu’ils avaient faite d’eux-mêmes avec la grève des fonctionnaires, le 20 novembre, au moment aussi où s’exprimait la colère d’autres catégories de la population, comme les internes, les magistrats ou les pêcheurs. Elles ne laisseraient pas isolée et en butte à la répression la mobilisation des étudiants et des lycéens contre la loi sur l’autonomie des universités ou contre la réforme des bacs professionnels. Mais elles ne veulent pas la convergence des luttes.

 

C’est pourtant un mouvement d’ensemble du monde du travail et de la jeunesse qui est nécessaire pour stopper l’offensive de Sarkozy et de ses commanditaires du Medef. La grève que salariés et militants de la SNCF et de la RATP ont construite, de leur propre initiative, aurait pu être aux avant-postes d’une lutte de tous les travailleurs, du public comme du privé, pour le retour aux 37,5 ans pour tous. Avant 1993, tous les travailleurs pouvaient partir en retraite après 37,5 ans de travail. C’est le décret Balladur dans le privé, puis la loi Fillon en 2003 dans le public, qui ont augmenté le nombre d’années de cotisation pour avoir droit à une pension à taux plein, sous couvert d’une prétendue impossibilité de financer les retraites des plus vieux à l’horizon 2040. Prétexte mensonger qu’ont soutenu tous les dirigeants de la gauche institutionnelle, syndicale et politique, de Rocard avec son livre blanc sur les retraites en 1991, aux directions des grandes centrales syndicales qui participent au Conseil d’orientation des retraites, lequel préconise aujourd’hui le passage à 41 ans pour tous.

 

Fort de ces complicités, Sarkozy, muet pendant les grèves de novembre, réoccupe maintenant le terrain, servi par des médias à ses ordres. Quand il parle « d’augmenter le pouvoir d’achat » en transformant les jours de RTT en argent, ce sont les 35 heures qu’il veut remettre en cause et, à terme, toute durée légale du travail. Aux salariés, à ceux qui ne vivent que de leur travail, Sarkozy ne cesse de décliner toutes les manières de « travailler plus pour gagner plus ». Les patrons et les riches, eux, n’ont qu’à tendre la main. Dernières libéralités en date, qui ont valu à Sarkozy, les 8 et 9 décembre, une véritable ovation lors d’une manifestation de la CGPME (petites et moyennes entreprises), le gouvernement veut supprimer pendant deux ans les « seuils sociaux », qui imposaient aux patrons de payer des frais supplémentaires lorsqu’ils passent de dix à vingt salariés, ainsi que l’imposition forfaitaire annuelle (ce qui représente 1,6 milliard d’euros). Le gouvernement supprime 23 000 postes de fonctionnaires et devait annoncer, le 12 décembre, une série de mesures destinée à réduire les dépenses publiques tandis que, comme vient de le révéler un rapport fait au Sénat, près de 650 « niches fiscales » permettent aux plus riches d’alléger leurs impôts, pour un total de 72,3 milliards d’euros.

 

Le mouvement à la SNCF et à la RATP désarmé, le gouvernement accélère son offensive. Outre la réforme de l’État, l’allongement de la durée de cotisation pour les retraites, la fusion ANPE-Assedic, se prépare également la réforme du contrat de travail, dont le patronat veut qu’elle débouche sur la disparition des garanties attachées au contrat à durée indéterminée, avec une « séparation à l’amiable », un contrat de projet et l’allongement des périodes d’essai. Mais cette réforme de la « modernisation du marché du travail » est actuellement préparée par une « négociation » entre le patronat et les directions des confédérations syndicales, qui devrait déboucher sur un accord, d’ici à la fin décembre ou à la mi-janvier. Une autre série de concertations, auxquelles participent des représentants de l’État et des syndicats, prépare les mauvais coups contre les retraites, le statut des fonctionnaires, dont celui d’enseignant. Et là, il n’y a aucun rapport de force favorable aux salariés qui permettrait, comme c’est malgré tout le cas à la RATP ou à la SNCF grâce aux grèves de novembre, d’en limiter le coût pour les travailleurs.

 

C’est sur la base du consensus obtenu lors de ces « négociations » que le gouvernement compte faire passer, au printemps prochain, ces réformes. C’est dire si les travailleurs, militants syndicalistes, jeunes ne peuvent compter que sur leurs capacités d’initiative pour lui faire échec. En refusant la capitulation et en dénonçant les reniements, en prenant en main leurs propres luttes pour les diriger démocratiquement, seul moyen de les faire converger.

 

 

Galia Trépère

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