LUTTE OUVRIÈRE

Publié le par zuzu

Entre incohérence et volte-face

Entre les élections municipales de 2001 et aujourd’hui, Lutte ouvrière a opéré un virage à 180°.

Illustration manquante

PAris, 1er mai 2007, cortège LO. Photothèque Rouge/JMB

Dans sa réponse à la LCR, dont nous nous faisions l’écho (Rouge n°2241), Lutte ouvrière (LO) écrit : « Vous nous reprochez de participer, dès le premier tour des municipales, à des listes composées par le PCF, ou le PCF et le PS. Vous nous opposez une politique qui, cependant, nous fait quelque peu sourire puisque ces accords que vous refusez au premier tour, vous êtes prêts à les accepter au second, si vous dépassez les 5 %, sous prétexte que ce seraient au second tour, des “accords techniques”. À notre avis, il s’agit là d’une pirouette sémantique, dont aucun bateleur de foire ne pourrait vivre. » Bigre, la charge est brutale !

D’abord, oui, nous reprochons à Lutte ouvrière de participer, dès le premier tour, à des listes avec le PS et le PCF. Pour être encore plus précis, vous avez souhaité cette participation dans beaucoup d’endroits. Il suffit de lire votre hebdomadaire du 22 février, où vous déplorez que LO ait dû se « présenter sous sa propre étiquette, là où le refus du PS, du PCF, ou des deux, n’a pas permis d’accord ». Précision qui a valeur de regret.

C’est d’ailleurs ce que dit, sans détour, Farida Megdoud, tête de liste LO à Orléans dans LibeOrleans.fr, où elle affirme : « Localement nous aurions aimé que Jean-Pierre Sueur (candidat socialiste) accepte notre démarche unitaire, sincère et sans calcul pour battre cette droite présente ici depuis trop longtemps. » Résumé clair et limpide de la politique suivie par LO qui, en désaccord avec le projet de la LCR d’un nouveau parti anticapitaliste, pour ne pas cautionner celui-ci, préfère cautionner ceux du PCF et du PS.

Ensuite, pour nous, il existe bien une différence entre se présenter en toute indépendance d’un PS social-libéral et faire liste commune avec lui. Différence que ne voit plus l’un des trois signataires de la lettre, mais qu’il percevait très bien en 2001 : « Pour notre part, nous considérons qu’il y a une opposition irréductible entre la gauche gouvernementale gérant au mieux les affaires de la bourgeoisie, c’est-à-dire celle des partis bourgeois, et ce que doivent être la politique et les choix des révolutionnaires qui se réclament des intérêts politiques des travailleurs » (François Duburg, Lutte ouvrière, 27 avril 2001).

Et, pour appuyer sa démonstration, d’ajouter, à l’époque, à propos des listes de la LCR : « Car si ces listes qu’elle présentait étaient “100 % à gauche”, les listes de la “gauche plurielle” étaient quoi ? 70 % à gauche ? 50 % ? 90 % ? » Alors, question à François Duburg : après le silence assourdissant du PS, quand ce ne fut pas l’acceptation, sur les retraites des cheminots cet automne, ou le déni de démocratie à propos du nouveau traité européen, à quel pourcentage à gauche en sont les listes auxquelles participe son organisation, Lutte ouvrière ?

Que dire aussi de ce passage du même article : « Plus généralement, le fait d’avoir recherché un accord entre les deux tours, là où cela était possible avec la gauche plurielle, pour essayer d’avoir des élus était, que cette tentative ait abouti ou pas, une manière de dire que les divergences qui séparent la LCR de la “gauche plurielle” sont somme toutes secondaires, par rapport à une appartenance commune à la “gauche” ». Il est certain qu’il est plus simple d’avoir des élus en faisant liste commune, dès le premier tour, avec les rescapés de la gauche plurielle !

À la LCR, nous pensons qu’une bonne politique à ces élections municipales permet de combiner une opposition radicale à la politique de Sarkozy, et une indépendance totale vis-à-vis du social-libéralisme. Quant au fait d’avoir des élus par une fusion technique, il appartiendra à chacune de nos listes de déterminer localement sa position. Le seul point sur lequel nous ne transigerons pas est notre totale indépendance politique, à l’inverse de certains candidats de LO qui, selon un article paru le 22 février dans La Voix du Nord, affirment qu’à « Liévin comme à Villeneuve-d’Ascq, les militants de LO se sont engagés, en cas de réélection des maires socialistes, à voter le budget ».

Enfin, sans reprendre les termes chaleureux et fraternels de la dernière missive de LO qui, à notre propos, parle « d’une pirouette sémantique, dont aucun bateleur de foire ne pourrait vivre », nous dirons plus sobrement qu’en six ans, d’une élection à l’autre, LO a le droit de changer et, nous, de nous en étonner.

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