"Dialogue social" contre les salariés

Publié le par zuzu

Les députés examinent le projet de loi instaurant la possibilité de travailler 48 heures par semaine. Il est nécessaire de rompre avec la politique du « dialogue social » pour défendre les intérêts du monde du travail.

Le jeu de dupes avait commencé avec la signature d’une « position commune » CGT-CFDT-Medef, le 10 avril dernier, sur la représentativité syndicale dans les entreprises du privé. Le gouvernement en avait ensuite profité pour aller plus loin dans la remise en cause des 35 heures. Nous voilà maintenant au temps de la comédie parlementaire.

Depuis le 1er juillet, les députés examinent le projet de loi de contre-réforme de la représentativité syndicale et du temps de travail. Avec cette loi, les patrons pourront faire travailler leurs salariés jusqu’à 48 heures par semaine, sans même l’autorisation de l’Inspection du travail, pourvu qu’ils obtiennent l’accord d’un syndicat de l’entreprise recueillant au moins 30 % des voix du personnel et qu’il n’y ait pas d’opposition de la part d’un syndicat qui en représente 50 %. Les salariés n’auront pas d’autre choix, sur le plan légal, que de se tuer au travail pour satisfaire, par exemple, un boom de commandes, sans même que les patrons aient besoin d’embaucher des intérimaires ou des salariés en CDD.

Qui peut croire que les députés pourraient, et surtout voudraient, revenir sur le recul que constitue ce texte ? Les députés UMP n’ont cessé de réclamer la fin du « carcan » des 35 heures. Quant aux députés socialistes, ils ne se sont jamais opposés à toutes les dérogations permettant aux patrons d’augmenter les quotas d’heures supplémentaires. L’auteur même de la loi sur les 35 heures, l’ancienne ministre socialiste Martine Aubry, vient de proposer d’aménager le temps de travail « tout au long de la vie ». Elle juge que le « combat sur les 35 heures » est un combat « d’arrière-garde ».

Qu’à cela ne tienne, la CFDT présente aux parlementaires un cahier de revendications, après que le journal Le Figaro a publié une interview conjointe de Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l’Assemblée, et de François Chérèque, sous le titre : « Notre méthode pour travailler ensemble. » Tout cela, qui n’est pas vraiment nouveau de la part de la CFDT, s’opère dans le plus grand silence de la part des dirigeants de la CGT qui n’ont pas eu un mot pour remettre en cause leur rapprochement avec la CFDT ou leur signature de la « position commune ».

Les dirigeants de la CGT et de la CFDT s’étaient indignés, lorsque le gouvernement s’était servi de la position commune pour avancer sa contre-réforme allongeant le temps de travail ; ils avaient appelé à une journée d’action le 17 juin pour protester contre la déloyauté de la méthode. À la suite de quoi, Fillon propose une « charte du dialogue social » et les parlementaires UMP une concertation à laquelle ils se rendent !

Quoi d’étonnant que le ministre du Travail, Xavier Bertrand, qui se dit impatient de « sortir enfin du carcan des 35 heures », déclare en même temps qu’il aborde ce débat à l’Assemblée « avec beaucoup de sérénité ». Il attend « des propositions de la part du PS ». Tout ce petit monde discute de la meilleure manière de présenter à l’opinion publique des mesures qui sont des attaques d’une violence extrême contre les conditions de vie des travailleurs.

Mais le mécontentement s’exprime de plus en plus fortement parmi les militants syndicaux, qui n’acceptent pas les compromissions de leurs dirigeants. Et quand Olivier Besancenot exprime ce que bien des salariés et militants ressentent comme nécessaire pour s’opposer à ces reculs, une lutte sérieuse, le « blocage des entreprises », le même Xavier Bertrand dénonce « des propos intolérables », et il invite à n’avoir « aucune forme de sentiment gentillet vis-à-vis de lui ». Une hargne bien révélatrice de ce qui leur fait peur et pourrait les faire reculer.
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