PARTI SOCIALISTE

Publié le par zuzu

Sous les rivalités, l’impasse

Les trois principales motions proposées au congrès du PS reflètent la crise d’un parti incapable de se démarquer de la droite dans la gestion de la crise capitaliste.

Photothèque Rouge/JR

Il faut une grosse loupe pour saisir ce qui sépare les trois grandes motions socialistes issues de l’ancienne majorité jospinienne. Ségolène Royal regroupe ceux qui veulent « faire du neuf » en accentuant le virage de centre droit. Du neuf, avec le président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, c’est tout dire… Par des primaires, en vue de 2012, s’ouvrant au-delà du PS, elle veut s’émanciper de l’appareil central qui lui demeure hostile. Elle renouvelle aussi, prudemment, son appel au Modem.

Martine Aubry s’est calée dans la stricte continuité de la gauche plurielle. Cela lui permet de rallier des fabiusiens, hors d’état de se compter, et des partisans de Dominique Strauss-Kahn, au nom d’un « renouveau » qui passe par pertes et profits le clivage, considéré auparavant comme fondamental, du vote au référendum sur le traité constitutionnel européen. Avec un petit air « valeurs de gauche », pour cette motion annonçant qu’« il n’y aura pas de renversement d’alliances avec le centre ». Sauf que Martine Aubry elle-même est en alliance avec le Modem à Lille…

Bertrand Delanoë se drape dans la stricte continuité de ce qui a été fait depuis quinze ans. « Quant au centre, constatons lucidement qu’il n’est pas à gauche », remarque-t-il avec une perspicacité époustouflante. C’est pourtant lui qui se proclame sans honte « libéral ». Et pas seulement au sens politique du terme. Au sens de « l’assouplissement du droit du travail », de l’acceptation par la gauche de la « flexibilité », de la « concurrence », de la « compétition » et du « droit d’entreprendre ».

Rien ne sépare vraiment ces trois chefs de file, à part leurs ambitions personnelles et leurs rivalités sédimentées au cours des années. Rien qui puisse sortir le PS de son impasse sociale-libérale, qui le rend à la fois incapable de concurrencer la droite, en restant sur son terrain, et de renouer avec les couches populaires. Le PS souffre de la même maladie chronique que toute la social-démocratie européenne. C’est ce qui explique l’hypertrophie des questions de personnes et le caractère durable de cette structure, quel que soit le résultat du congrès. Les écuries présidentielles sont toutes confrontées à la même contradiction de fond : comment regagner les votes populaires sur une ligne de gestion loyale du capitalisme, lui-même en crise ?

Et la gauche du PS dans tout cela ? Elle a réussi à s’unir, pour la première fois depuis des décennies, sur une ligne sociale-démocrate à l’ancienne, hostile à « l’ultralibéralisme ». Il sera intéressant de mesurer son impact, mais sans oublier deux éléments fondamentaux. Le premier est que ce regroupement annonce déjà son intention de ne pas « rester minoritaire » et va donc soutenir l’une ou l’autre des motions sociales-libérales déclarées. Le second est que Benoît Hamon, Henri Emmanuelli et Gérard Filoche ont voté la nouvelle déclaration de principes du PS, celle où la lutte de classe a disparu et où la conversion à l’économie de marché est désormais ouvertement revendiquée.

La crise au PS s’approfondit donc, et va durer. Elle contaminera encore plus les partenaires que ce parti satellise de nouveau (dont le PCF). Sans que rien n’en sorte de bon pour les résistances aux coups du capital. Seul le regroupement en cours des forces anticapitalistes est à même d’amener de l’espoir pour un « peuple de gauche » qui en a tant besoin.
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