PARTI SOCIALISTE

Publié le par zuzu

La guerre sans fin

Après le vote des militants pour désigner leur première secrétaire, la division au Parti socialiste est à son comble. Mais l’orientation sociale-libérale est consacrée.

 

 

Quelque chose de fondamental s’est joué au Parti socialiste pour en arriver là. Royal a rejailli de l’enfer où l’avait précipitée son échec de 2007, ses volte-face sur le Smic et les 35 heures, son nouveau look du Zénith. Par trois fois, elle a créé la surprise : lors du vote des motions, lors du premier tour du vote pour le secrétariat et lors du second.

À cette dernière consultation, les 50 % obtenus n’auraient pas été possibles sans un report substantiel des votes qui s’étaient portés sur Hamon. Ce qui permet de comprendre ce que le succès de Royal doit à une irrépressible volonté de changement, d’en finir avec les demi-vérités et les vrais mensonges des chefs traditionnels du parti. La mauvaise nouvelle est que cette volonté s’est portée sans remords sur une candidate qui représente un éclatant glissement au centre-droit, assumé comme tel (alors que celui d’Aubry et Delanoë s’affichait moins), mais aussi une rupture avec toutes les traditions du Parti socialiste. Comme si les militants souhaitaient que l’expression politique rejoigne enfin la réalité des lignes.

Le score de Hamon s’est révélé une nouvelle fois très honorable. Il faudra cependant attendre pour en juger la portée réelle, si l’on tient compte de l’étonnant report d’une partie de ses soutiens au second tour. En tout cas, une chose est maintenant certaine : la conversion sociale-libérale, la « modernité » de centre-gauche sont définitivement dominantes au PS.

Première des conséquences : la guerre interne ne va pas s’arrêter. Elle peut désormais dégénérer en rupture rapide, même si cela demeure peu probable. Mais même si un modus vivendi est trouvé dans l’immédiat, ce ne sera qu’une trêve avant que la bataille pour 2012 ne rebondisse, et que les haines inexpiables encore attisées par les scrutins ne se donnent de nouveau en spectacle. S’en réjouir est un raisonnement à courte vue. Les maigres possibilités que les forces du PS viennent en soutien de tel ou tel mouvement social seront diminuées d’autant. Le grand parti de l’alternance interne au système est affaibli à un point jamais atteint depuis les années 1970.

Dans le champ institutionnel, Sarkozy a, pour ainsi dire, les mains libres. On arrive donc à un point crucial, où le tournant social-libéral du PS a fini par lui enlever l’essentiel de sa fonctionnalité traditionnelle de canalisation de la révolte sociale. Ce désastre stratégique du navire amiral de la gauche de gouvernement va entraîner inévitablement l’aggravation de la crise d’orientation de ses alliés. Les Verts, où la gauche est laminée, et qui seront de plus en plus tentés par l’alignement centriste des autres partis Verts européens. Le PCF et le Parti de gauche (Mélenchon), désormais alignés sur la même base, laquelle est considérablement fragilisée : comment faire croire que l’issue aux luttes populaires est dans l’alliance avec ce parti déchiré à ce point et voguant au centre toute ?

Il faut se rendre à l’évidence : aucun retour n’est possible à une social-démocratie apaisée, vieille manière. Aucune resucée de la gauche plurielle non plus. Il faut du neuf, de la résistance résolue à ce système en crise, de l’anticapitalisme.

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