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Publié le par zuzu
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Entretien avec Miguel Romero, militant de la Gauche anticapitaliste (« Izquierda Anticapitalista », section de la IVe Internationale dans l’Etat espagnol) et rédacteur de la revue « Viento Sur ».
D’où vient cette extraordinaire mobilisation qui secoue l’Etat espagnol ?
Pour comprendre, il faut remonter à la grève générale du 29 septembre 2010, contre le projet de réforme des retraites. Par rapport à ce qu’on avait connu les années précédentes, la grève avait été un succès. Un quart de la population environ y avait participé. Il faut savoir que le nombre de grèves a chuté ces dernières années dans l’Etat espagnol; il y a un dialogue permanent entre les syndicats et le patronat sur les salaires et toutes les autres questions. La grève marquait donc une remobilisation sociale.
Mais une offensive médiatique a immédiatement été déclenchée, présentant le mouvement comme un échec. Les directions syndicales ont été fortement impactées par cette campagne et la mobilisation est restée sans précédent. Il n’est pas sûr qu’un nouvelle appel à la grève aurait été couronné de succès, mais il aurait lancé un message de détermination et de courage: « nous restons opposés au projet du gouvernement ». Au lieu de cela, les syndicats ont négocié avec le gouvernement et accepté la réforme des retraites, moyennant quelques modifications mineures.
Le bilan est très lourd pour le monde du travail : les actifs de 40 -45 ans, lorsqu’ils seront à la retraite, toucheront une pension inférieure de 20% à la pension actuelle. Cet accord a semé la frustration mais aussi la passivité dans le mouvement ouvrier. Par contre, il a suscité la colère des jeunes qui s’étaient investis dans la grève, avaient été solidaires des piquets, etc. L’idée s’est répandue qu’il n’y a rien à attendre des syndicats majoritaires. Quant aux syndicats minoritaires, comme la CGT, ils ont peu de poids. Ils auraient la force pour devenir une référence, mais leur ligne sectaire les en empêche. Dans ce cas-ci, ils se sont contentés d’une déclaration. Les conditions étaient ainsi réunies pour qu’une initiative émerge de la jeunesse elle-même.
Quels secteurs de la jeunesse sont à la base du mouvement ?
Début 2011, on sentait une certaine tension dans les universités. Mais, au niveau de la gauche anticapitaliste, nous étions assez pessimistes. Nous notions surtout l’absence de perspectives : l’impasse sociale se prolongeait. En mars, au Portugal, un appel « Jeunes précaires » était lancé sur internet et débouchait sur une extraordinaire manifestation de 250.000 personnes, à Lisbonne. La manifestation avait très peu de contenu politique : « Nous sommes humiliés » ; « Nous sommes la génération la plus formée et nous sommes au chômage ou dans des boulots précaires ». Mais le nombre de manifestants était impressionnant.
Cet exemple a eu un effet immédiat dans les universités espagnoles, notamment à Madrid. Il faut savoir que le chômage frappe presque 20% de la population, soit 4, 9 millions de personnes. Le chômage des moins de 25 ans est de 40, 5%. La plupart des jeunes entre 20 et 30 ans survivent grâce à des petits boulots, avec 600 Euros par mois. Ils ne sont donc pas en situation d’avoir une vie indépendante de la famille.
C’est ainsi qu’une centaine d’étudiants ont formé le groupe « Jovenes sin futuro » (« Jeunes sans avenir »). La plateforme se décrivait comme une initiative de jeunes « Sin curro, sin casa, sin pension, sin miedo » (« Sans boulot, sans maison, sans pension, sans peur »). Le plus important dans cette énumération est « sin miedo » (sans peur). J’ai interviewé ces jeunes à l’époque, pour "Viento Sur". Ce sont des personnes intelligentes et modestes. Leur plateforme a appelé à une manifestation pour le 7 avril. On y attendait quelques centaines de personnes. Ils étaient 4.000 à 5.000.
Le succès de la manifestation du 7/4 a incité les organisateurs à convoquer une autre manifestation, pour le 15 mai. Entre-temps était apparu un autre groupe : « Democracia real ya » (« Une vraie démocratie, maintenant ! »). Sa plateforme était très faible politiquement. Sur le plan social, elle se prononçait contre le chômage, contre la dictature du marché, etc. Mais, sur le plan politique, elle se disait « « ni de droite, ni de gauche ». Dans la gauche radicale, cette initiative est apparue comme très suspecte, car nous devons faire face aujourd’hui dans l’Etat espagnol à une droite très agressive. Par ailleurs, personne ne connaissait les initiateurs de ce groupe.
A l’origine, « Democracia real ya » était exclusivement madrilène. Des appels étaient lancés aussi dans d’autres villes. Les rassemblements y étaient très modestes mais, à Madrid, la manifestation a rassemblé de 20.000 à 25.000 personnes. C’était un cortège très combatif et joyeux, très différent des manifestations traditionnelles, qui sont ennuyeuses. La manifestation se terminait à la Puerta del Sol, avec des discours très à gauche, très critiques du syndicat majoritaire, prononcés non par des jeunes mais par des personnalités, notamment Carlos Taibo – un professeur d’université, libertaire.
Il y a avait un petit groupe de black blocks dans la manifestation, comme c’est souvent le cas. Ils ont provoqué des incidents. Mais la répression a été très forte. Quatorze d’entre eux ont été arrêtés. Cela a entraîné une solidarité immédiate contre la police. C’est là qu’une série de gens, totalement inconnus, inorganisés, ont eu une idée géniale : organiser un campement sur place, jusqu’au lendemain, à la Puerta del Sol. L’initiative était très sympathique, même si elle pouvait sembler bizarre. Vingt ou trente personnes à peine sont restées sur place. Pourtant, l’initiative a fait boule de neige. Une première fois délogés de la place par la police, le 16 mai au matin, une centaine de personnes étaient présentes au tribunal. L’après-midi, quelques centaines, voire quelques milliers de gens se rassemblaient à la Puerta del Sol.
La sympathie dans la population était énorme. Les rassemblements tous les soirs à 20H grossissaient : 15.000, puis 20.000 personnes. Du coup, la campagne électorale était complètement escamotée. Des rassemblements étaient organisés dans plus de cent villes. Une ville comme Valence, qui est très à droite, a vu un rassemblement de 10.000 hier. On n’avait pas vu ça depuis très, très longtemps. Il y a eu récemment 15.000 manifestants à Barcelone, 30.000 à Madrid – tellement de monde que l’accès à la place n’est plus possible.
Le rassemblement de vendredi était interdit par la Junta electoral. Le Ministre de l’Intérieur devait donc donner l’ordre de disperser les gens. Mais ce n’était pas possible. Ce Ministre, Rubalcaba, est un politicien sans principe, mais intelligent. Il était proche de Felipe Gonzales et aurait été à la base des GAL (des groupes paramilitaires clandestins, coupables de nombreux assassinats de militants et sympathisants de l’organisation indépendantiste basque ETA, NDLR). Il a déclaré: « En réalité, la police a pour fonction de résoudre les problèmes, pas de les créer. Dissoudre une manifestation de 30.000 personnes, c’est créer un problème encore plus grand. La police doit intervenir seulement en cas de conflit. Or, il n’y a pas de conflit ». Rubalcaba a agi intelligemment tout en jouant sa carte personnelle, car il est candidat aux élections. Les gens craignaient une expulsion des manifestants après 24H. A 2H du matin, la police s’est retirée : ce fut une explosion de joie. Un autre fait à noter est qu’il y a eu des rassemblements de solidarité dans 538 villes au monde !
Qui sont les animateurs de ce mouvement ? Le contenu ce celui-ci est-il plus clair aujourd’hui ? Quel est le rôle des femmes ? Et celui des immigrés ?
La coordination compte environ 60 personnes. Leur âge varie entre 25 et 28 ans. Ce sont de jeunes diplômés avec une bonne qualification professionnelle, en chômage, précaires, subissant de mauvaises conditions de travail, sans expérience ni affiliation politiques. Il n’y a pas d’étudiants parmi eux. Dans les rassemblements, il y a fort peu de jeunes des quartiers populaires. Pour éviter de donner l’image d’un mouvement du centre ville, la coordination madrilène a décidé d’aller dorénavant dans ces quartiers. Quant au Manifeste, il est assez bon. Il se prononce pour la nationalisation des banques, la protection des chômeurs, etc. Il conteste aussi la loi électorale. C’est un programme de réformes démocratiques et sociales. L’écologie est présente, mais de façon marginale. Il n’y a pas de grande conscience anticapitaliste. Le slogan « a-a-a-anticapitalista » est souvent repris dans les manifestations, mais sans qu’il ait un grand contenu idéologique.
Le mouvement compte beaucoup de femmes, mais le mouvement féministe est absent et les revendications féministes absentes : il y a beaucoup d’affichettes qui font penser à mai 68, mais pas une seule sur une question féministe. C’est inquiétant. C’est peut-être un résultat du fait que le mouvement féministe en Espagne, depuis 30 ans, s’est replié sur des questions spécifiquement femmes. Le mot « femme » est même absent du Manifeste. La même chose vaut pour les jeunes immigrés : ils sont nombreux dans le mouvement, mais pas dans la coordination. Tous les porte-parole sont des autochtones. (D’après les dernières informations reçues via Miguel Romero, à partir de ce samedi, il y a une présence très significative de personnes d’origine immigrée, Marocains, Saharaouis et latino-américains à la Puerta del Sol, NDLR).
Comment vois-tu les perspectives du mouvement ?
Sauf surprise, les élections donneront une large victoire à la droite, qui va gagner de nombreuses régions et municipalités, et donc un échec du PSOE. Il sera intéressant de voir les résultats d’Izquierda Unida. IU a tenté d’apparaître comme l’expression politique du mouvement. C’est très opportuniste, car IU est une gauche institutionnelle, et n’est pas anticapitaliste. Les sondages donnaient à IU de 6 à 8% des voix. S’ils ont plus que 8%, ce sera un effet du mouvement. IU a prévu une rencontre avec la direction du mouvement. Il y a là un certain danger. IU n’a aucune possibilité d’hégémoniser le mouvement, car ce n’est pas une organisation militante, qu’elle est sectaire et institutionnaliste. Mais le poids institutionnel peut apparaître comme intéressant à la direction du mouvement, qui peut croire ainsi disposer d’un relais dans le parlement. Cela représenterait un risque pour l’indépendance et la radicalité de la mobilisation. Les syndicats aussi ont demandé une rencontre. En fait, le mouvement est devenu une référence politique pour tout le monde.
Une question qui va se poser sera : « Que faire du campement ? » Il faudra le lever, mais cela fera l’objet d’un débat, et d’autres initiatives doivent prendre le relais, notamment les initiatives en direction des quartiers populaires. Les médias diront « c’est fini » ; des sociologues le disent déjà. Il ne faudra pas les croire. Je suis peut-être trop optimiste, mais il me semble peu probable que le mouvement disparaisse. Il implique trop de monde, trop de jeunes, trop de gens qui pensent que c’est « mon mouvement », et qui veulent que « la lutte continue ».
Au Portugal, la grande manifestation des 250.000 est restée sans lendemain. Ici, l’originalité est celle d’un mouvement en période électorale, dont le slogan le plus populaire est « PSOE, PP, la misma mierda es » (PSOE, PP, c’est la même merde »), et qui devient une référence pour la majorité de la population. L’enthousiasme est énorme. L’idée (juste) est que « plus rien ne sera comme avant », que tout sera mieux qu’avant. Pour notre courant (jeune, non sectaire, non doctrinaire, très lié aux mouvements sociaux), c’est une opportunité. Mais continuer sera difficile.
Une condition clé pour que le mouvement continue est qu’il s’élargisse en nouant des liens avec d’autres mouvements sociaux : mouvement des femmes, mouvement écologiste et, bien sûr, mouvement ouvrier. Cela demande une perspective à moyen terme, une accumulation de forces, et des impulsions venant de l’extérieur du mouvement. Nous avons eu une expérience négative en 2009, avec un mouvement très fort sur la question du logement : il n’a pas pu continuer par suite de dissensions internes provoquées par des sectaires. Des mouvements de ce type ne peuvent durer que s’ils sont unitaires.
Des impulsions sont-elles venues de secteurs syndicaux ?
Il n’y a pas de courant de gauche dans les grands syndicats et la CGT (petit syndicat aux positions radicales, d’inspiration libertaire, NDLR) est marginale. Il n’y a donc rien eu d’autre malheureusement que des déclarations des responsables en faveur du mouvement (ils ne pouvaient pas faire autrement). Il n’y a pas eu de communiqués de solidarité de la part de comités d’entreprises, d’entreprises en grève. Donc : mouvement tout à fait nouveau, sans lien avec les mobilisations existantes. (La CGT a émis plusieurs communiqué de soutien, ainsi que le syndicat CCOO de Catalogne. Dans les Asturies, les occupations se sont élargies des deux principales villes de la région, Oviedo et Gijon, aux petites villes du bassin minier, aux fortes traditions de luttes ouvrières, NDLR).
Quel est l’impact des révolutions arabes ? On note une certaine ressemblance dans les formes d’action…
Il y a certainement un écho des révolutions arabes du point de vue de l’occupation de l’espace public et des moyens de communication. Le courage des manifestants est aussi quelque chose qui a impressionné. Mais attention : un camarade m’a parlé de « place Tahrir à Barcelone ». Il ne faut pas exagérer : il n’y a aucune comparaison du point de vue de la dureté de la lutte!
Comment agissez-vous en tant que militants anticapitalistes ?
Nous sommes présents dans les rassemblements, depuis le début. Auparavant, nous étions déjà présents dans « Jovenes sin futuro ». Par contre, nous étions totalement extérieurs à « Democracia real ya », comme tous les courants politiques d’ailleurs. Nous avons participé ensuite à la rédaction du Manifeste. Nous avons de très bons rapports avec le courant autonome non-sectaire, qui est très présent dans le mouvement. D’une façon générale, il faut être très prudent et réservé, notamment par rapport à l’auto-affirmation : drapeaux, autocollants, etc.
Propos recueillis par Daniel Tanuro, le 21 mai 2011.
SARKOZY VOLE AUX PAUVRES POUR DONNER AUX RICHES !
Sarkozy a débuté son mandat présidentiel en faisant un sacré cadeau à ses amis les riches en instaurant le bouclier fiscal. Cette première réforme, après le coup du Fouquet's, nous montrait clairement que ce gouvernement était plus soucieux des riches que de ceux qui touchaient les minima sociaux. Avec cette mesure phare, le gouvernement privait l’État de 700 millions d'euros par an qui retournaient dans les poches des plus gros contribuables comme celles de Madame Bettencourt. Contraint et forcé, à un an de la présidentielle, de le retirer, Sarkozy n'abandonne pas pour autant ses amis les riches.
Jackpot pour les plus riches !
Avec la réforme de l'Impôt de Solidarité sur la fortune (ISF) et la suppression du bouclier fiscal, le gouvernement vient d'effectuer un véritable tour de passe-passe. C'est purement et simplement un nouveau cadeau pour ceux qui possèdent un patrimoine supérieur à 3 millions d'euros. Au bout du compte, ce sera un peu plus de 300 000 riches contribuables qui seront désormais exonérés grâce à cette réforme. Avec en prime un sacré bonus pour cette année puisque si l'allègement de l'ISF est effectif dès cette année, la fin du bouclier fiscal, lui, ne prendra effet qu'après 2012. Bref, les plus riches sont doublement gagnants! A cela s'ajoute les niches fiscales, les exonérations de cotisations sociales, les aides publiques en tout genre....
Ces profiteurs de pauvres !
Dans le même temps, la crise continue de frapper la majorité de la population. Le chômage n'en finit pas de progresser. La pauvreté, la précarité se développent et pour beaucoup leur survie ne dépend que des minimas sociaux. C'est cette fraction de la population que Laurent Wauquiez a pointé du doigt, faisant passer les bénéficiaires du RSA pour des profiteurs. Le RSA c'est 466 euros par mois pour une personne seule, alors qu'une des bénéficiaires du bouclier fiscal, Liliane Bettencourt, gagne 23 355 fois le Smic ! Alors même si Laurent Wauquiez s'est fait recadrer par Fillon, la politique de bouc-émissaire est bel et bien engagée par le gouvernement. Il chasse ouvertement sur les terres du Front National en accusant les immigrés, les précaires, les chômeurs de vivre aux crochets de la société.
Partager les richesses !
Les profits et les dividendes explosent malgré la crise. Les nombreuses luttes de ces derniers mois, malheureusement encore trop dispersées, montrent que les salariés ne veulent plus être les dindons de la farce.
C'est à ces profits exorbitants, confisquant une part toujours plus importante de la richesse produite, qu'il faut s'attaquer. La meilleure façon de prendre sur les profits c'est d’augmenter la part des salaires. Il y a urgence à imposer une augmentation de 300 €, avec aucun revenu inférieur à 1500 € nets et à opérer un rattrapage des salaires féminins. Il faut également supprimer la TVA, impôt le plus injuste, et taxer plus lourdement les hauts revenus.
Malgré les besoins flagrants de la population, patronat et gouvernement refusent d’augmenter salaires, pensions et autres allocations.
Plus fort encore, c’est aux plus précarisés qu’ils ont décidé de s’en prendre.
La question des salaires, du pouvoir d’achat, est devenue pour la majorité des salariés, du privé comme du public, des chômeurs, des retraités, la préoccupation principale. Les fins de mois deviennent de plus en plus difficiles pour la majorité de la population. Les prix des produits de première nécessité, gonflés par la spéculation, n’en finissent plus d’augmenter comme ceux de l’énergie, du logement, du transport et des denrées alimentaires. En 2010, les légumes frais ont augmenté de 11 %, le fioul domestique de 23, 2 %. L’indice Insee des prix à la consommation a augmenté de 2 % en un an, alors même qu’il minimise la hausse des dépenses d’une famille de salariés. Toutes les décisions et réformes du gouvernement aggravent cette situation : baisse des remboursements des dépenses de santé, de l’indemnisation des chômeurs, érosion des pensions des retraités... Cette politique, sans grande surprise, n’a fait qu’accentuer les inégalités. Selon les derniers chiffres de l’Insee, les riches sont de plus en plus riches. Entre 1996 et 2008, les revenus du patrimoine ont augmenté de 11 % par an. Pendant ce temps, les pauvres sont devenus de plus en plus pauvres ! Depuis 2004, « le niveau de vie des personnes les plus modestes a cessé d’augmenter alors que celui des plus aisées a continué sa progression. Ce sont les privés d’emploi qui sont les plus touchés par la hausse de la pauvreté ». 35 % d’entre eux vivent avec moins de 950 euros par mois.
Mais cela semble encore trop pour le gouvernement puisque Laurent Wauqiez, ministre des Affaires européennes, propose de mettre fin « aux dérives de l’assistanat », de contraindre les « bénéficiaires » du RSA à cinq heures hebdomadaires de « service social » et de « plafonner le cumul des minimas sociaux ». Développant ainsi un peu plus, un des thèmes de prédilection de l’UMP et du Medef, la lutte contre « l’assistanat » sous prétexte de la dette, de la crise. Et voulant ainsi mettre en place la même politique d’austérité contre les pauvres que l’ensemble des pays européens comme par exemple le Royaume-Uni où le gouvernement de David Cameron fait la chasse à la « culture de l’assistance » qui gangrènerait la société britannique. Depuis plus deux ans, la dette publique est un prétexte en or pour les gouvernements comme pour le patronat pour attaquer l’ensemble de nos acquis et nous imposer des reculs sociaux. Mais cette dette publique a été creusée par les milliards versés aux banquiers, par les cadeaux fiscaux en tout genre pour les patrons, les actionnaires et les plus riches.
Face à cela, le bilan des négociations salariales 2011 est clair : les patrons sont vent debout pour bloquer les salaires ou ne donner que des augmentations dérisoires. Et l’État patron refuse toute augmentation des traitements des fonctionnaires pour 2011 et 2012. Leur argument tourne en boucle : c’est la crise, il n’y a pas d’argent. Cela n’empêche pas qu’entre 2008 et 2009, les dividendes versés aux actionnaires des entreprises marchandes ont été augmentés de 4 milliards pendant que, dans les mêmes entreprises les salaires ont été réduits de 7 milliards.
De l’argent, il y en a
Depuis la crise de 2008, les patrons sont repartis à la course aux profits, mis à mal par la crise des banques et la récession. L’État a renfloué les banques à coup de centaines de milliards, puis imposé l’austérité au nom de la dette. Au total, les travailleurs passent trois fois à la caisse : comme contribuable, comme victime des coupes budgétaires et comme salariés subissant la perte de pouvoir d’achat. En clair, les entreprises et les actionnaires sont en train de se refaire une santé sur notre dos. L’annonce des augmentations de salaires des patrons du CAC 40 en est un dernier exemple. Au total, en 2010, ces 40 patrons se sont partagé 93, 3 millions d’euros. Soit l’équivalent du salaire annuel de plus de 6 000 salariés payés au Smic.
Ce n’est pas l’argent qui manque pour augmenter l’ensemble des revenus de 300 euros net pour tous et toutes, pour qu’aucun revenu ni minima social ne soit inférieur à 1 500 euros net, que l’on soit au chômage, en activité ou à la retraite. Il suffit de prendre l’argent où il est, c’est-à-dire dans les poches du patronat et non dans celles des pauvres. Pour cela, il faudra un sacré rapport de forces en faveur du monde du travail, c’est certain. Préparons-nous dès maintenant à un nouveau « tous ensemble », répandons l’idée autour de nous qu’il y en marre des bagarres isolées. Les patrons ne lâcheront rien sans qu’on leur fasse suffisamment peur. C’est bien un nouveau partage des richesses, imposé par nos luttes, que nous revendiquons.
Sarkozy va accueillir la réunion des huit plus grandes puissances. Les dirigeants de ces pays (USA, Grande-Bretagne, Japon, Canada, Allemagne, France, Italie et Russie) imposent leur domination sur le monde, décident du destin de la planète, cassent les droits des salariés, détruisent nos vie et notre environnement.
Le G8 contre les salariés
Le dernier G8 qui a eu lieu en France a décidé de « réformer les systèmes de retraites et de santé ». Résultat : dans tous les pays d’Europe, les durées de cotisation ont augmenté, le montant des retraites a diminué ! Les réformes de la Santé cassent l’hôpital public et réduisent le remboursement des médicaments… pendant, bien sûr, que les grandes entreprises pharmaceutiques réalisent des profits gigantesques.
C’est aussi au G8 que se discutent les plans de « réduction de la dette publique » : alors que leur système a produit la crise mondiale, après avoir offert des centaines de milliards aux banques, les grandes puissances nous font payer la facture. Casse des services publics, blocage des salaires, voilà les moyens de transférer les richesses vers les banques et les grandes entreprises.
Les saigneurs du monde
Alors que le G8 disait vouloir « favoriser la sûreté et la sécurité » dans le nucléaire, la catastrophe de Fukushima démontre qu’il ne peut y avoir de nucléaire sans danger et qu’il faut imposer la sortie du nucléaire.
C’est aussi le club des puissances qui veulent dicter leur loi aux autres pays. Si la révolution s'est déclenchée en Tunisie, c’est notamment en raison du poids de la dette, qui a été multipliée par sept en 20 ans, alors qu’elle a déjà été remboursée plusieurs fois intégralement… La dette n’est rien d’autre qu’un transfert de richesses vers les banques des pays les plus riches.
Ce n’est pas un hasard si les pays du G8 sont, dans leur grande majorité, les initiateurs des interventions militaires en Afghanistan, en Libye, en Côte-d’Ivoire (où la France a envoyé son armée), en Irak. Car la guerre est leur moyen de défendre leurs intérêts lorsque la dette et les accords économiques qu’ils imposent par le biais de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (le FMI de Dominique Strauss-Kahn) ne suffisent plus.
Et ce sont encore les mêmes qui expulsent les migrants qui tentent de fuir la misère.
Pour toutes ces raisons, la mobilisation contre le G8 doit être massive. Cela permettra de faire se rencontrer différentes luttes, les militants de différents pays. Cela permettra de montrer que leur monde n’est pas le nôtre, que nous nous battons contre leur système économique : le capitalisme a montré qu’il ne servait qu’à enrichir les possédants pendant que les salariés et les peuples vivent de plus en plus mal.
Contre les politiques anti-sociales, contre les interventions militaires, pour l’annulation de la dette :
Toutes et tous au Havre contre le G8 au Havre les 21 et 22 mai
Des autocars ou des trains sont organisés pour participer à la manifestation et aux concerts du samedi, ainsi qu’aux débats du dimanche. Toutes les informations sont disponibles sur http://www.mobilisationsg8g20.org/g8-degage/infos-pratiques-g8/
Le locataire de l’Élysée essaye à nouveau d’endosser les habits du président du pouvoir d’achat.
Il propose une prime de 1 000 euros pour les salariés dont les entreprises distribuent des dividendes à leurs actionnaires. L’annonce qui devait, sans rire, démontrer que le pouvoir se préoccupe des salaires, a fait flop très rapidement. La prime des 1 000 euros n’est qu’une grosse arnaque : face à la colère feinte de la patronne des patrons Laurence Parisot, Christine Lagarde a de suite rassuré, pour financer la mesure le gouvernement propose de baisser les cotisations des entreprises qui font des bénéfices !
Nicolas Sarkozy a beau vouloir multiplier les annonces pour reconquérir l’électorat populaire, personne n’est dupe. Même la visite à Charleville-Mézière, ville où il s’était rendu lors de la campagne de 2007, ne convaincra personne : le chef de l’État gouverne pour ses amis du Fouquet’s, distribue les cadeaux aux plus riches, continue d’exonérer les entreprises.
La prime de 1 000 euros ne fera en aucun cas oublier les profits indécents du CAC 40, profits qui montent à plus de 80 milliards d’euros.
À côté de cela, le salaire des fonctionnaires sera gelé pour 2012, pour la deuxième année consécutive.
Mais depuis plusieurs semaines, dans de nombreuses boîtes, les salariés ont décidé de se battre et d’exiger un autre partage du gâteau, refusant d’être toujours les perdants, « les damnés de la crise ».
En effet, les grèves pour les salaires se multiplient et il est légitime d’exiger leur augmentation et de revendiquer tout de suite 300 euros net pour tous les revenus. Quand les prix montent, les salaires, les retraites et les pensions doivent suivre automatiquement tous les mois. C’est donc l’échelle mobile des salaires et de tous les revenus, allocations et retraites qu’il faut imposer.
Les travailleurs en lutte actuellement montrent le chemin à suivre : prendre sur les profits !
Myriam Martin