Les affameurs

Publié le par zuzu

Ces dernières semaines, des émeutes, des grèves et des manifestations provoquées par la faim ont éclaté dans un si grand nombre de pays qu’un membre de la Commission européenne a parlé d’un « tsunami économique et humanitaire ». La répression a déjà fait des dizaines de morts : 40 au Cameroun, 20 en Égypte, 6 à Haïti où le Premier ministre a été renversé.

C’est la flambée des prix des produits alimentaires qui a provoqué la colère. Les populations de ces pays d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique latine consacrent déjà, en temps normal, 70 % de leurs revenus à la nourriture. Mais le prix du soja a plus que doublé, en un an, dans les pays d’Asie. Les prix des produits de base ont triplé, ces dernières semaines, en Afrique.

Les causes de cette crise n’ont rien de naturel. Même si la demande en produits alimentaires a augmenté, la planète aurait largement de quoi nourrir toute sa population, si tel était le souci des classes possédantes. Mais les trusts, les marchés et les États parmi les plus riches ont favorisé, ces dernières années, au nom de prétendues préoccupations écologiques, la production d’agrocarburants, gros consommateurs de céréales et très prometteurs de profits à l’heure où s’ouvre ce nouveau marché. Surtout, les détenteurs de capitaux, qui ont déserté les marchés secoués par la crise, se sont rués sur celui des matières premières agricoles, escomptant de juteux bénéfices de cette spéculation sur la faim. En Afrique, les prix du riz et du lait ont augmenté respectivement de 82 et 50 %, rien que dans les quinze derniers jours.

Les dirigeants du G7, du FMI ou de la Banque mondiale, qui vantaient il y a peu la « mondialisation heureuse », s’alarment de cette situation. Non qu’ils soient inquiets que les populations souffrent, mais ils redoutent leurs révoltes. Le temps n’est plus où ceux qu’ils affamaient mouraient, isolés dans les campagnes. La mondialisation capitaliste a jeté des centaines de millions de femmes et d’hommes dans les villes. Qu’ils utilisent les armes de la grève, comme c’est le cas en Égypte, les manifestations de rues ou les insurrections de masse, voilà ce qui inspire tant de craintes à ces affameurs.

 

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