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Publié le par zuzu

L’ornière gouvernementale

La préparation du 34e Con­grès du PCF a franchi sa dernière étape, avec l’adoption, à 61 %, du texte de référence proposé par la direction. La moitié des militants n’a pas voté.

 

 

Pour la première fois, des textes alternatifs pouvaient être soumis aux membres du PCF, à condition d’être signés par 200 militants venant d’au moins dix départements. Deux projets ont donc été soumis à la discussion, en plus de celui présenté par Marie-George Buffet et la majorité de la direction. Les militants avaient à voter pour savoir lequel des documents devait devenir la base de débat et d’amendements. Selon la direction, sur 78 779 adhérents à jour de leur cotisation, 39 692 ont pris part au scrutin, soit un peu plus de 50 %.

Le premier texte oppositionnel a obtenu 24 % des voix. Signé par le député-maire de Vénissieux, André Gérin, et quelques figures très connues de l’histoire du PCF, comme Henri Martin ou Henri Alleg, il dénonce, au nom de la lutte de classe, la politique liquidatrice de la direction, critique les concessions au PS, sans pour autant remettre en cause la participation gouvernementale. L’autre document, « Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme », signé par des militants de Paris ou de Toulouse, a recueilli 15 % des voix. Cette tendance, liée à un groupe proche d’un courant trotskyste anglais ayant eu une forte influence dans le Labour Party, propose un texte anticapitaliste et radical sans, lui non plus, « exclure d’avance toute participation gouvernementale ».

Les refondateurs, partisans de Robert Hue et de Jean-Claude Gayssot et les communistes unitaires, qui ont présenté une contribution mais sans la mettre aux voix, ont appelé à l’abstention ou au vote nul. Il semble que, désormais, les jeux soient faits. La secrétaire nationale, aidée par les anciens partisans de Georges Marchais, qui préparent des amendements, va l’emporter sur la ligne d’aller au gouvernement avec le PS et toute la gauche sur une base antilibérale, tout en maintenant un PCF capable de sauver ses 7 à 8 000 élus. Les communistes unitaires vont, sans doute, pour une partie d’entre eux, quitter le PCF pour participer, avec ce qui reste des collectifs antilibéraux, des alter-Ekolos et des Alternatifs, à la construction d’une Fédération à la gauche de la gauche qui, selon eux, ne sera pas que protestataire, comme le NPA. Pour Pierre Zarka ou Roger Martelli, il est temps de dissoudre le PCF et de s’intégrer, comme courant communiste, dans une force nouvelle. Pour ces militants, il n’y a qu’une seule gauche pour aller au gouvernement, mais les antilibéraux doivent en gagner l’hégémonie.

Toutes les sensibilités organisées du PCF n’envisagent le changement de société qu’à travers des majorités électorales dans les institutions. Les désaccords entre eux portent sur les rapports entre élections et mobilisations, ou sur la façon de construire l’unité avec le reste de la gauche réformiste. Chez les militants, les choix sont plus ouverts et les débats, nécessaires, avec le NPA ne font que commencer. 

Stratégie à double tranchant

À huit mois des européennes, le PCF a produit un texte visant à la réalisation de listes unitaires. En recul sur le fond programmatique, il laisse ouverte la possibilité d’alliances avec des sociaux-libéraux.

Le conseil national (CN) du PCF a adopté une résolution sur les élections européennes, par 89 voix contre quatre et treize abstentions. Il s’agit d’un appel à la constitution d’un front progressiste européen, qui s’adresse à toutes les organisations et courants partageant les principaux objectifs de ce texte, le but étant la réalisation d’une liste unitaire aux élections de juin 2009.

Disons tout de suite que ce texte, d’une généralité absolue, est en recul, tant par rapport aux anciennes positions du PCF développées lors de la campagne de 2005 que par rapport à celles du Collectif unitaire pour une autre Europe, que le PCF n’avait d’ailleurs pas signées, préférant à l’époque soutenir un communiqué commun sur la présidence européenne avec le PS et les radicaux de gauche. Il s’agit « désormais de dégager quelques axes structurants rompant avec les dispositions des traités ». Dès lors, disparaissent toutes les revendications concrètes qui pourraient fâcher d’éventuels alliés, comme l’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE), la perspective d’un Smic européen, la création de services publics sous le contrôle des salariés, l’élection d’une Constituante, le droit de vote ou de libre circulation pour les immigrés, l’arrêt du nucléaire, l’interdiction des OGM, la sortie de l’Otan, l’annulation du traité de Lisbonne…

En revanche, le document est très précis sur le fait qu’il s’agit de « créer les conditions » pour élire le maximum de députés « et, parmi eux, les députés communistes, notamment dans les deux circonscriptions où le PCF a un élu sortant » (région parisienne et Nord-Pas-de-Calais). Aux membres du CN qui, dans le débat, s’inquiétaient de cette condition, la secrétaire nationale, Marie-George Buffet, a été très claire : « Si nous décidions de ne pas le faire, nous déciderions par contre de nous effacer a priori. Cela n’est pas acceptable. » Enfin, le PCF fait silence sur le problème des coalitions gouvernementales avec les PS en Europe.

On comprend pourquoi, quand le texte demande de « valoriser l’acquis substantiel, sous toutes ses formes possibles, que représente le tissu de relations nouées au sein du Parti de la gauche européenne ». Or, ce parti a été dirigé par le secrétaire général du Parti de la refondation communiste (PRC) italien, Fausto Bertinotti, qui a sombré avec Romano Prodi après avoir participé à son gouvernement. Le Parti de la gauche européenne est aujourd’hui présidé par le responsable de Die Linke (« La Gauche »), parti qui participe à des coalitions gouvernementales avec le SPD dans plusieurs Länder allemands, notamment celui de Berlin.

Comme on peut le voir, le fait d’avoir participé à la même coalition pour le « non » au référendum sur le traité constitutionnel européen, en 2005, ne suffit pas à faire accord pour un programme européen anticapitaliste. Laurent Fabius, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg ou, malheureusement, José Bové ne nous démentiront pas. Mais, comme le PCF laisse entendre qu’il est prêt à discuter avec nous, nous répondons « oui », sans hésitation. Nous l’avions déjà proposé, en vain, concernant la lutte contre la politique de Sarkozy. Pour les élections européennes, la perspective n’est pas de présenter une liste unitaire des anciens partisans du « non », mais de rassembler toutes les forces qui, en France comme en Europe, se battent pour une politique alternative, sociale et écologique, en rupture avec le capitalisme. Des forces qui y mettent les moyens, en termes de revendications, de mobilisations et d’alliances.

DES MESURES en DEBAT...

Le Parti communiste propose, dans « l’Humanité Dimanche » du 7 novembre, « cinq propositions que pourrait avancer la gauche pour sortir de la crise ». Ces propositions partent du constat que « les différentes formations de gauche ont dans leur programme des idées convergentes ».

La première des mesures du PCF concerne la fiscalité : il propose, par exemple, la suppression des exonérations de cotisations sociales. Non seulement ces exonérations concernent principalement les bas salaires, et donc les encouragent mais, de plus, il serait tout à fait possible de réorienter ces dépenses vers l’emploi dans les services publics. Le PCF reconnaît qu’il existe une « divergence » avec le PS sur ce sujet. Depuis longtemps, le PS a intégré la logique patronale, qui dit que « le chômage est le résultat d’un coût du travail trop important », qu’il faut donc abaisser. Mais le PS a repris l’idée de récupérer les aides octroyées aux entreprises qui licencient et/ou délocalisent.

Ensuite, le PCF propose de « bloquer les licenciements dans les entreprises bénéficiaires », et il met en avant Benoît Hamon (PS), qui propose « un moratoire sur les licenciements et les délocalisations ». Pour notre part, nous sommes pour l’interdiction des licenciements. Pour les entreprises qui font des profits, mais pas seulement. Dans l’automobile, par exemple, des entreprises peuvent se retrouver en faillite, mais elles ne sont que des sous-traitants, dont les donneurs d’ordre sont de grandes entreprises (Renault, PSA, etc.), cotées au CAC 40. Nous sommes donc pour remonter aux donneurs d’ordre, afin de faire payer les grands groupes capitalistes. Cela nécessite notamment une incursion dans la propriété privée capitaliste, à commencer par l’ouverture des livres de comptes et la levée du secret bancaire de toutes les entreprises.

Par rapport à la crise financière, le PCF propose de « fonder un pôle financier public qui encourage l’emploi ». Le PCF s’accorde avec le PS pour que ce pôle public soit constitué autour de la Caisse des dépôts, mais aussi de La Banque postale et des Caisses d’épargne. Le terme « pôle » peut prêter à confusion, s’il n’est pas assorti de garanties. Notre souci n’est pas de sauver les banques, ni même ce système bancaire : nous ne sommes pas pour un pôle public face à un pôle privé qui continuerait de spéculer comme si de rien n’était. Nous sommes pour l’expropriation de toutes les banques, sans rachats ni indemnités pour les actionnaires, et sous contrôle de la population. Cela passe par la création d’un service public bancaire unique, avec le monopole du crédit.

Enfin, la dernière proposition souhaite « rémunérer davantage le travail que le capital ». Bonne nouvelle, le PCF se prononce, « comme la LCR et la gauche du PS » pour le Smic à 1 500 euros net ! Mais le PCF est toujours pour « le principe de réserver les exonérations de cotisations sociales aux entreprises qui embauchent et qui augmentent les salaires » ! Les cotisations sociales font partie de notre salaire (le salaire différé). Baisser ces cotisations correspond donc à une baisse de salaire. Par ailleurs, nous maintenons que ce ne sont pas les cotisations qui empêchent les créations d’emplois, ni même les augmentations de salaires, mais bien la recherche de profit de la part des patrons.

Nous avions déjà écrit au PCF, au mois de septembre, pour voir ce qu’il était possible de faire ensemble, notamment face à la crise. Nous n’avions pas eu de réponse. Mais nous prenons positivement la proposition du PCF, faite via l’Humanité Dimanche. Mais soyons clairs : si nous sommes pour l’unité la plus large pour riposter, nous ne voulons pas participer à un comité Riposte qui n’aurait d’autre vocation que de remettre en selle l’ex-gauche plurielle dans une perspective électoraliste.

Mais nous actons qu’il y a suffisamment de points convergents pour organiser, par exemple, une manifestation nationale contre les licenciements et pour l’augmentation générale des salaires dans les semaines qui viennent. Le NPA et le PCF peuvent jouer un rôle moteur dans une telle initiative. 

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